Explication: Ils s’appellent Papacito, Le Raptor, Valek, Bruno le Salé, Baptiste Marchais ou Laurent Obertone, et leurs vidéos sur YouTube attirent chacune plusieurs centaines de milliers de vues.
S’il n’existe pas de terme précis pour les désigner, il semble pertinent de parler d’influenceurs d’extrême droite.
Devenir populaire sans perdre en radicalité et en cohérence
Le message fasciste n’est pas toujours clairement identifiable. Des désaccords existent parmi les influenceurs étudiés. Par exemple, Papacito tend à critiquer les ethno-racialistes (représentés en France par certains groupes suprémacistes blancs comme « Belvedere : État blanc ») en rappelant qu’après la Première Guerre mondiale, le peuple français a subi « une sélection génétique des faibles » allant ainsi à l’encontre du darwinisme social. Il se dit donc plus attentif à l’apport d’élément extraeuropéen pour « raffermir le peuple français ».
Si l’appropriation d’internet par l’extrême droite n’est pas nouvelle, elle était jusqu’à présent cantonnée à des sites dédiés – tels que fdesouche.fr. L’enjeu est donc pour ces influenceurs de réussir à faire passer un message suffisamment cohérent sur le plan idéologique pour convaincre, sans pour autant prendre des positions trop radicales sur des sujets clivants au sein même de l’extrême droite.
Les influenceurs vont alors se répartir l’effort de propagation des idées dans un esprit gramscien : d’un côté des influenceurs idéologues, comme Julien Rochedy, qui développe des messages antiféministes et suprémacistes blancs sophistiqués, et de l’autre, des influenceurs passeurs d’idées comme Papacito, qui cherchent à capter le plus grand nombre pour ensuite les rediriger vers les idéologues.
Cette stratégie semble payante puisque durant la seule année dernière, la plupart des chaînes ont ainsi doublé leur nombre d’abonnés et pour certaines, l’ont triplé. En parallèle à YouTube, ces influenceurs tirent parti de Telegram et de Signal pour diffuser leurs idées les plus extrêmes sans tomber sous le coup de la loi. Ces réseaux également plébiscités par les réseaux terroristes islamiques, permettent d’échanger des messages de façon cryptée à un public choisi.
Les vidéos YouTube constituent ainsi une vitrine qui permet ensuite de diriger le spectateur ou la spectatrice vers ces plates-formes plus discrètes où le message diffusé est bien plus radical car il n’est pas aussi contrôlé que sur YouTube.
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